Les ventes de jeux vidéo face à la dématérialisation

La préhistoire

Ce n’est un secret pour personne, le progrès technologique va à une telle vitesse que les souvenirs de chaque génération font l’effet de récits préhistoriques au regard de la suivante. Ainsi, la génération des hommes du XIXe siècle ayant grandi avec les premiers trains et les premières automobiles à vapeur écoutaient ceux qui n’avaient connu que la marche à pied et le cheval d’une moue presque blasée et, surtout, d’un air de dire : « Ton temps est révolu grand-père ». Ils ne savaient pas que, quelques 50 ans plus tard, leurs souvenirs de vieilles locomotives fumantes allaient devenir tout aussi ringards aux oreilles de ceux qui étaient nés avec les avancées de l’aviation et dans l’ère des automobiles équipées de moteur à essence.

Pourtant c’est bien comme cela que les choses ont eu lieu et la course en avant a continué. Aux grandes avancées mécaniques de la révolution industrielle sont venus se succéder les révolutions informatiques, électroniques, numériques et même robotiques. Si l’on pose une loupe sur le seul secteur des jeux vidéo et sur une courte histoire de moins de 40 ans, le phénomène est le même. D’ailleurs, si je vous parle du temps où il fallait éditer des Disquettes boot et des fichiers de config pour émuler assez de mémoire vive pour lancer une programme de jeu, vous allez me rire au nez. Et pourtant, face à vos mines rigolardes j’aurais une petite consolation quand même, celle de me dire que quand ce sera votre tour de compter vos souvenirs du bon vieux temps de l’Iphone 11 ou de Marvel’s Avengers 2020, vous trouverez surement quelqu’un de jeune et de fringant pour se payer aussi votre pomme… Simplement, parce que c’est ainsi que va le monde ; Tout cela étant dit, en route, les amis, suivez-moi jusqu’au grenier !

L’ouverture de nouveaux négoces

Au temps des premiers jeux vidéo, on vit émerger des dizaines de nouveaux rayons dans les grands magasins, les FNAC, les supermarchés même. Le marché était tellement florissant qu’on allait même assister, dans certaines villes, à l’ouverture de magasins spécialisés. Pour être honnête, les grandes surfaces restaient souvent à la traîne en matière de ventes qualifiées. La plupart du temps, les employés ne faisaient que mettre en rayon et n’y connaissaient pas grand chose en jeux vidéo. En revanche, dans les FNAC ou les magasins de détail, on avait de bonnes chances de tomber sur un véritable passionné. Une file se pressait, en général, autour de lui et quand venait son tour, on pouvait alors deviser sur la profondeur d’un titre, ses points forts, échanger des expériences de jeux, avant de repartir, un peu plus tard, une boite sous le bras, sûr de son affaire. Ô trésor convoité, promesse d’heures de détente ou d’aventures volées. Mon précieux !

Des boites et des étagères !

Rapidement, pour le Gamer des années 90, le premier problème, le souci number one allait devenir l’étagère pour y ranger toutes ses belles boites. Plus tard, viendrait aussi la fuite fulgurante en avant et avec elle les problèmes de compatibilité. L’apparition des CD viendrait supplanter les bon vieux lots de disquette 3 pouces et demi. Et puis le lecteur de disquette finirait simplement par disparaître. « Hein ? De quoi comment ? Comment je fais tourner Wing Commander moi maintenant ? » Et puis bientôt, les messages d’erreur allaient quelquefois s’inviter : « Ce logiciel n’est pas compatible avec votre version actuelle de windows gnagnagna ». « HEINNNNNNNN ? »

Bien sûr, avec les évolutions matérielles, la console ou la carte graphique finissaient elles aussi au placard, car pour suivre les avancées spectaculaires des jeux vidéo, il fallait aussi changer de matos. Bienvenue dans mon musée personnel du PC ! Mais bon, cela au moins, n’a pas tellement changé : la course à la puissance et aux accélérations continue et les éditeurs de jeux suivent le progrès de près pour proposer des titres de plus en plus fous. Personne ne va s’en plaindre.

L’avènement des ventes dématérialisés

Pourtant, pris entre ses étagères, la poussière sur ses boites et la nostalgie des vieux jeux qu’il ne pouvait plus faire tourner mais que les nouveaux jeux lui avaient fait bien vite oublier, le Gamer des années 2000 ne se doutait pas encore qu’une autre révolution était en marche. À un peu plus de 10 ans de là, Internet et les versions OEM allaient encore venir transfigurer le marché de la vente de jeux vidéo et, plus largement des logiciels. Les boites, les CD’s, le bon vieux jeu qu’on avait l’impression de vraiment posséder parce qu’il était palpable, matériel et qu’on finissait par collectionner. Tout allait disparaître ! Il faudrait même, quelquefois, une connexion internet ouverte pour faire tourner un jeu solo qu’on avait pourtant acheter…

Avec ce grand chamboulement, les rayons des magasins allaient aussi se réduire, de plus en plus, à peau de chagrin. Les jeux de consoles allaient encore un peu résister mais les jeux PC largement moins et notre petit vendeur spécialisé d’autrefois, entouré de sa cohorte de gamers avides d’infos, allait se retrouver bien seul.

Le recul du commerce de détail

Pour retomber sur l’actualité brûlante, c’est comme cela qu’on a appris que Gamestop, la maison mère de la grande chaîne de magasins Micromania avait enregistré la plus grande baisse de toute son histoire boursière dans le courant 2019 : -36% de moins sur son action et un plancher record qu’il faut remonter à 2003 pour retrouver. A vrai dire, on se demande bien comment le commerce de détail ou même les grands magasins pourraient faire face à la dématérialisation ? Face à des géants comme Steam ou même au Store en ligne de Playstation ? Difficile de lutter.

Et ce n’est pas que l’industrie du jeu vidéo se porte mal bien au contraire. Selon certains sites boursiers, le seul marché français s’élevait à 3.6 milliards d’euros en 2019. D’autres indicateurs le donnent même à un peu plus. Par contre, preuve que le visage des ventes de jeux vidéo a évolué de manière impressionnante : pour cette même année et sur ces mêmes sites boursiers, on annonçait que plus de 70% de ce chiffre, soit 2,3 milliards d’euros, était passé par des ventes dématérialisées.

Du point de vue de l’utilisateur, on le comprend aussi. Un fois passé le cap, quoi de plus simple que de régler avec sa carte bancaire et de lancer un téléchargement ? Avec une bonne connexion web, en quelques heures et sans être sorti de chez soi, on se retrouve avec le jeu installé et prêt à jouer. Quant aux comparatifs, aux avis et aux critiques, entre youtube et les sites spécialisés, on trouve largement de quoi se faire une opinion avant l’achat. Alors bien sûr, nous n’avons plus les jolis packaging colorés, mais on se console en pensant aux économies de papier, de plastique et de carton pour la terre. Dans la foulée, on a même, quelquefois, démonté les vieilles étagères et d’ailleurs, les tours derniers cri sortent désormais souvent sans lecteur de CD ! Il n’empêche… De mon temps, c’était autre choseeeeee et il fallait jusqu’à 8 ou 10 disquettes pour installer Wing Commander ! Bon ça va j’arrête !

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